Nous recueillons des histoires extraordinaires
On ne sait jamais quand on frappe à une porte dans quelle aventure on va se retrouver car c’est une réelle aventure humaine, les gens n’ayant plus de masque évoquent leur vie passée, leurs moments difficiles dans le présent, et le lendemain qui n’existe plus.
Nous recueillons des histoires extraordinaires, dures, surprenantes, comme de vrais cadeaux qui nous sont déposés. Nous sommes les dépositaires d’une histoire de vie.
Découvrez les témoignages de nos bénévoles.
Témoignage vidéo d’Adeline, accompagnée par l’ASP16
La communication verbale et non verbale dans les accompagnements en soins palliatifs : vécu et ressentis d’une bénévole d’accompagnement
Diplôme Universitaire en Soins Palliatifs, mémoire de Jacqueline, bénévole ASP16.
Le bénévolat d’accompagnement que nous effectuons est le seul bénévolat qui nous ouvre droit à la préparation d’un Diplôme d’Université.
Ainsi, j’ai suivi la formation au Diplôme d’Université – accompagnement et Soins Palliatifs (DUSP) et obtenu mon DU en octobre 2023. Je vous invite à lire mon mémoire : il porte essentiellement sur la communication verbale et non verbale au travers des accompagnements que je vis depuis une décennie. Et puis, malade ou bien portant, c’est bien la communication qui nous amène à entrer en contact avec l’autre…Bonne lecture et à votre disposition si vous souhaitez échanger à ce sujet !
Jacqueline
Je ne sais toujours pas ce qui m’a poussée vers l’accompagnement en soins palliatifs. Et je suis pourtant là depuis 11 ans. De rencontres, en émotions partagées, de rires et de larmes mêlées, j’ai grandi, avancé. Des paroles sans filtres, des mains ouvertes et toujours cette confiance qui me laisse démunie et plus forte à la fois.
En fermant doucement une porte, dans ces moments chargés d’émotions et avant de revenir dans la réalité de ma vie, je sens que je suis à ma place. C’est un bénévolat riche de sens et d’enseignement.
Nathalie L.
Un patient âgé en Unité de Soins Palliatifs souhaitait me voir. Lorsque je suis arrivé et après m’être présenté de nouveau il m’a dit « je vais crever ». Je me suis assis à ses côtés et il m’a caressé le visage et les cheveux à de multiples reprises. Je lui demandé s’il souffrait et il m’a dit qu’il avait quelques douleurs mais rien d’important.
Jean François N.
Je lui ai tenu la main, j’ai vu ses larmes… Il m’a caressé le visage et les cheveux… Je lui ai tenu la main jusqu’à ce qu’il s’endorme… et je suis parti en toute discrétion durant son sommeil. Peu d’échange mais des moments riches en émotions…
Je me suis aperçue que j’avais plein de préjugés sur les EHPADs : lieux fermés, tristes, sans âmes avec des corps en décrépitude.
Tout comme dans les services de soins palliatifs, je devais faire table rase de tous mes préjugés, mes projections, juste toquer à la porte, me rendre disponible, être à l’écoute. Dès que j’ai commencé les accompagnements, j’ai ressenti qu’il y avait bien une âme dans ce lieu. En le fréquentant j’ai trouvé une équipe de soignants et d’animation investie, des résidents qui savent rester dignes dans leur grand âge et leur perte d’autonomie, physique et parfois cognitive. Et parfois aussi malgré les aléas de la vie qui ne les épargne toujours pas.
Sylvie G.
Je suis bénévole pour l’ASP16 en Centre Hospitalier depuis 7 ans. J’ai effectué des accompagnements très riches avec les patients et les familles. Ce que je retiens aussi : certaines personnes rentrent chez elle et aussi plusieurs décèdent, bien évidemment.
Pendant un de mes accompagnements à domicile j’ai assisté au décès d’une dame de 68 ans, une expérience à vivre, auprès de l’époux et d’un fils. Événement qui ne se produit pas à l’hôpital, le personnel soignant privilégie la famille. Et récemment à domicile, j’ai accompagné une patiente Anglaise souffrant de la maladie de Charcot. Cet accompagnement totalement effectué en langue anglaise.
Geneviève A.
Nathalie et Jacqueline ont fait un accompagnement commun avec un patient atteint d’une maladie neurodégénérative.
Nathalie : La rencontre a lieu alors que la maladie t’a déjà enlevé la mobilité et la parole. Il te reste le regard et un semblant de geste à la main gauche. Beaucoup d’émotions déjà et d’inquiétude sur notre capacité à t’accompagner.
Je vais te proposer la lecture de nouvelles tirées de ma tablette. Tu vas vouloir écouter de la musique et nous allons pleurer tous les deux au son de ceux qui ont enchanté nos enfances. Tu aimes tout et surtout t’évader de ce corps qui t’étouffe un peu plus chaque jour. Le 18 août marquera notre dernier échange et nous ne le savons pas, même si je te sens fatigué…. Merci de tous ces beaux moments partagés, de ta confiance, de ton humour.
Jacqueline : Après que Nathalie se soit présentée, je me souviens t’avoir dit qu’il fallait considérer nos visites comme si nous allions prendre un verre au bistrot du coin, entre potes ! Et c’est le premier grand sourire lumineux que tu m’as offert, tant d’autres ont suivi ensuite.
Une fin d’après-midi, dès mon arrivée, je t’ai trouvé en colère, excité, le visage crispé, des larmes dans les yeux….et j’ai mis beaucoup de temps à comprendre l’origine de cet état. Je me sentais démunie, sans aucune envie de poursuivre ma lecture. Comment t’apaiser, comment te redonner le sourire, te soulager ?
Tu étais parfaitement conscient de ton état, de l’évolution rapide de ta maladie et, toi-même, tu nous avais fait comprendre que bientôt ce doigt, dernier résistant, ne se déplacerait plus, prisonnier à son tour de ta maladie.
J’avais prévu, lors de ma prochaine visite, de te de faire écouter un autre morceau de musique classique… mais l’appel de Nathalie m’a arrêtée dans cet élan. Tu ne souffrais plus, tu étais parti dans ton sommeil. Merci pour cette belle rencontre, pour ta présence, tes sourires et cette belle leçon d’humilité. Malgré cette maladie, tu nous as accueillies à bras ouverts…
Nathalie L. et Jacqueline